Quand nous sommes doublement confinés, par les consignes officielles et par une maladie chronique, nous avons le libre choix de se fondre dans le « syndrome du glissement » ou de se laisser porter par une introspection personnelle. Le premier choix nous conduira inexorablement à une sorte de début de fin de vie et le second nous éveillera à nous même, grâce à une étincelle de vie plus puissante qu’un volcan.
Choisissons donc cette seconde voie. Nous allons nous écouter, entendre notre cœur battre pour nous, nous seul. C’est lui qui tient notre vie au bout d’un fil. Puis nous percevrons nos poumons se gonfler et s’alléger et surprendrons notre estomac gargouiller. Nous nous dirons
- Tout ça n’est possible qu’avec le cerveau. C’est lui le chef d’orchestre !
Le cerveau ! Nous n’en connaissons qu’une partie. Ce que nous constatons de lui, c’est son ouverture à une multitude de fenêtres. Fenêtre sur le passé, celui des bons moments, des mauvais aussi. Fenêtre sur le présent : notre femme, notre homme, notre enfant, notre père, notre mère, nos amis, nos connaissances ; notre maison, notre rue, notre ville, notre région, notre pays, notre continent…notre planète Terre. Tout ça construit notre mosaïque intérieure et vitale. Notre planète ! Subitement, nous avons envie de la prendre dans nos mains, de l’élever au-dessus de notre cerveau. Envie de la regarder, de sonder son mystère de particule dans l’univers commencé un jour par un big-bang qui laisse encore nos scientifiques perplexes. Nous allons alors regarder cette planète comme un trésor absolument inestimable. Et, brusquement, nous allons nous demander comment un virus, gros comme le millième d’un grain de sable (le millième d’un grain de sable d’une plage de notre planète !), peut, à lui tout seul, nous emporter tous au bord d’un chaos, celui qui précéda le fameux big-bang, par exemple !
Et là, notre petite étincelle de vie nous invitera à créer un petit big bang…dans notre cerveau de terrien !
Christian Massé, 25 mars 2010