J’avais pourtant dit que je mettrais de côté mes écrits pour un moment indéfini. L’inspiration n’est hélas toujours pas revenue mais là je dois avouer que je n’en peux plus. Enfin j’espère que NOUS n’en pouvons plus. J’aurais préféré ne pas avoir ce sujet à traiter ou pour être plus directe à « gerber ». Ces dernières actualités m’ont poussée à reprendre mon clavier pour déverser non pas ma haine mais plutôt ma peine.
Pendant que l’on s’indigne de la montée du racisme aux États-Unis, la gangrène que l’on appelle « la haine » s’installe petit à petit dans notre pays. Pire qu’une maladie « classique » ce n’est pas le corps qu’elle affecte mais l’âme qu’elle détruit. Puante et déferlante comme la peste, elle pourrit le cœur des gens ; nauséabonde et pernicieuse, elle rend l’Amour impuissant.
Lorsque j’ai écrit mon livre « Et j’ai gardé mon afro pour mieux danser sur la tête », je dénonçais à travers mon personnage, le racisme « dormant » qui régnait à travers les âges. Les phrases anodines et pourtant assassines prononcées gratuitement sous couvert de l’humour, malheureusement résonnent toujours. Lorsque les personnes visées et attaquées essayaient d’en parler, ils n’avaient que pour seule réponse, leur excès de susceptibilité ou l’ignorance de l’autre puis l’affaire était vite enterrée.
Aujourd’hui, nous assistons à cet explosion de haine et malgré les nombreuses alertes et les condamnations publiques et anonymes envers ces actes odieux et sans limites et ma reconnaissance d’être chaque matin en vie, j’ai cependant au réveil un arrière goût… amer. J’ai l’impression que grâce ou à cause d’internet et des réseaux sociaux, certaines personnes découvrent le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et toute sorte de haine contre la différence, et tombent des nues en criant « au scandale ! « . Bien sûr que c’est scandaleux! Mais si nous en sommes là ne serait-ce pas aussi à cause d’un certain laxisme régnant depuis la nuit des temps. Lorsqu’une personne quelle qu’elle soit, dénonçait une attaque contre elle-même mettant en avant sa différence, elle était plus ou moins prise au sérieux ; souvent on disait même qu’elle exagérait en minimisant sa souffrance. Et si nous arrêtions de nous cataloguer sous des étiquettes car après tout, nous sommes tous faits de sang et de chair recouvrant un squelette ; de mettre un nom sur une quelconque différence car c’est en la nommant que nous pointons du doigt son existence. (article précédent Et le respect dans tout ça !)
Aujourd’hui ce laxisme a grandi ; il s’est transformé en une véritable ignominie. Des artistes se font insultés de « sale Noir » pendant leur spectacle, des sportifs agressés verbalement pendant leur match, des personnalités politiques, culturelles et j’en passe se font menacer et même leur mémoire se retrouve profanée. Tout ceci au nom de la couleur de leur peau, de leur religion, de leur orientation sexuelle et de leurs opinions.
Et que dire des personnes anonymes victimes elles aussi de leur différence ; elles subissent violemment cette haine et ce, dés leur enfance, moment de la vie où l’on devrait protéger leur innocence. Cette petite fille traitée de singe en maternelle dont l’histoire n’a été que trop peu relayée sur les chaines télévisées prétextant que cette affaire ne devait rester que dans l’enceinte de l’établissement ou cette excuse bidon disant « que les enfants ne savent pas ce qu’ils disent » ou encore mieux « ils sont cruels entre eux » et la dernière sans appel « ils se calmeront en grandissant »… Et cet homme crachant sa haine lorsqu’une femme noire s’est assise à côté de lui dans un avion. Jamais elle n’aurait pensé devoir à subir, ce jour une double humiliation. Celle de recevoir des paroles racistes en pleine figure et l’autre de n’avoir eu de la part du personnel, aucun soutien, en lui faisant changer de place et ainsi calmer la fureur de son voisin.
Combien de phrases antisémites écrites sur les murs, combien d’actes homophobes envoyant nos concitoyens dans les hôpitaux faut-il atteindre pour que toute cette violence ne perdure ?
Chaque jour et chaque heure qui passent, j’essaie de regarder la beauté qu’il reste dans ce monde en espérant que l’Amour, le Respect et la Tolérance chassent cette bêtise humaine et prennent définitivement sa place et que le gène de l’humanité puisse sauver sa propre race.
Michèle CREPIN
(amie des Arts en écho)