Pour avoir des nouvelles,
j’appelle la psy de l’hôpital
où elle est internée
pour bouffée délirante
depuis qu’elle s’est rendue.

Nous avions une belle série programmée :
la soirée à Tours avec vous, envolée,
puis le Couserans est tombé à son tour,
et la Dordogne prévue à Pâques.
La famille on ne verra pas,
et la Russie non plus,
enfin pas cette année.

Rien ne reste de ce qui était prévu.
Même le calendrier le moins enclin à l'imagination,
le très sérieux calendrier scolaire, réputé immuable,
celui qui a bercé toute notre enfance,
qui l'eût cru ? est parti en vrille comme les autres.

C'est un coup de tonnerre dans un ciel serein.
L'année 2020 est en train de nous filer entre les doigts. 

Même si elle revient,
rien ne sera comme avant,
nous la regarderons de travers.
Mais enfin, il vaudrait mieux ça.
On n'a jamais vu une année partir en cavale,
finir à l'hôpital,
et nous, continuer moteur arrêté.

On dit qu’il faudra un pont d’or pour la faire revenir.
Elle reviendra, sur la pointe des pieds, j’en suis sûr.
Pour l'instant, les médecins sont à son chevet.

La psychologue me dit qu'elle a souri.
Maeva va voir " avec l'équipe " ce dont elle a besoin.
Lui envoyer des fleurs, c'est une bonne idée, me dit-elle,
et des livres aussi. En attendant qu'elle sorte.

Christophe Baillat