Ce lundi de confinement, c’est ma sortie la plus dangereuse de la semaine, aller au centre-ville déposer à l’agence bancaire les quelques chèques clients récupérés, en raison des incertitudes sur l’acheminement du courrier par la Poste.
Cela veut dire, concrètement, ne pas oublier l’attestation (mais laquelle ? le déplacement professionnel ? le déplacement dérogatoire ? Bon, faute de, je fais les deux).
Cela veut dire, penser au retour à ne pas oublier de bien me laver les mains (j’ai entendu aussi à la télé qu’il fallait désinfecter ses chaussures ?! de toute façon j’ai pas de produit, ou alors la Javel, oui, mais cela risque de les abîmer, bon on verra au retour).
Ce lundi, une seule voiture croisée, cela me donne envie de sortir de mon véhicule pour marcher sur le bitume de la rue désertée. Pas de barrage de police, donc pas besoin de me justifier en expliquant que je vais à ma banque à 19 km de mon domicile parce qu’elle m’embête avec mon découvert, malgré le coronavirus – et puis, monsieur l’agent, vous devez bien comprendre, vous qui n’avez même pas droit au masque, que ce que l’on nous raconte à la télé sur les aides et les soutiens, c’est du foutage de gueule, pardon pour l’expression.
Ce lundi, l’agence bancaire est fermée. Il est précisé sur la porte : «En raison du coronavirus, le personnel est en télé-travail. Vous pouvez nous contacter par téléphone au... Vous devez mettre vos courriers, chèques, etc. dans la boîte à lettres.»
Ouf ! Cela veut dire pour moi, pas de contact avec le personnel de la banque, donc pas de risque de contagion.
Ce lundi, le retour se passe aussi sans barrage et sans danger apparent, le seul bruit de mon moteur m’empêche d’entendre clairement les 12 coups des cloches des villages déserts que je traverse, qui annoncent midi.
Ce lundi, lorsque j’arrive au Petit Pavé, je suis un peu déçu, tant d’anxiété de ma part pour rien. A moins que… j’ai tout de même touché la boîte à lettres de la banque, avouez que ce serait tout de même pas de bol !
Et puis, j’entends le chant des oiseaux, couvert habituellement par le roulement de la circulation de la route de Saumur et je me rappelle qu’autrefois aussi on entendait le bruit des oiseaux, mais c’était avant que la ville s’urbanise à outrance et se rapproche et que nos villages deviennent des lotissements dortoirs.
Bref, ce lundi de confinement, je suis allé à la banque...
Avril 2020, www.petitpave.fr