De Marie-France Aujard

Qu’est ce que vous recherchez ? Moi, je cherche un sens.

Par un froid après-midi d’hiver, se promène un drôle de vieux bonhomme,

Tout de noir vêtu, ses cheveux neigeux bien rangés sous son chapeau, il s’en va…. Où ?  Personne ne le sait, même pas lui  peut être….

Au détour d’un chemin, il aperçoit une fillette assise sur un banc. Il s’approche :

— Que fais tu là jolie demoiselle, tu vas prendre froid.

— Je réfléchis

— Mais, c’est bien ! à quoi réfléchis-tu ?

— Je trouve les grandes personnes bien compliquées.

— Pourquoi ?

— Elles parlent de sens, le sens des mots, dans quel sens vas-tu, les cinq sens… le sens ! Mais c’est quoi ce mot ! En plus, parfois elles parlent du bons sens, est ce qu’il y en a un mauvais ? Tu vois c’est difficile.

Le vieux bonhomme sourit.

— Comment t’appelles-tu ?

— Violette et toi tu vas où ?

— Je m’en vais. Les hommes m’ont mis au placard, je suis tombé dans l’oubli, personne ou si peu ne pense à moi. J’ai été remplacé par un jeunot, un drôle de personnage, une sorte de fou, il s’appelle Monsieur Plus. Il fait croire aux gens qu’ils ont besoin de toujours PLUS, toujours PLUS,  si bien qu’ils ne savent pas apprécier ce qu’ils ont. Ils courent toujours après ces Plus sans jamais les atteindre. ils galopent après des chimères sans vivre l’instant, sans regarder autour d’eux. Ils pensent que le bonheur c’est tous ces PLUS, alors ils courent… ils ne savent plus voir, ni entendre… L’ici et maintenant est lui aussi en passe de disparaître, même Noël devient un toujours PLUS, PLUS de cadeaux, PLUS gros… Noël est là pour nous faire souvenir que le plus important est d’offrir un sourire.

— Oh ! Mais c’est triste. Comment tu t’appelles ?

— Je m’appelle Monsieur Bon Sens.

— Ça y est, ça recommence !

— Attends je vais te raconter… Le Bon Sens, c’est peut être ce qui nous amène vers l’essentiel, nous aide à voir la vie autrement. C’est le chemin du cœur. Cela peut apporter le bonheur si on le cultive, vois tu…

— Moi je ne veux pas de ce vilain Monsieur PLUS, je préfère toi, mon ami Bon SENS. Veux-tu rester avec moi. Dis comment je te cultive ?

— Bien sûr que je reste avec toi. Comment tu me fais grandir, c’est tout simple : « regarde la vie avec tes yeux et ton cœur d’enfant. Sache t’émerveiller. »

Soudain, le vieux monsieur disparaît. La petite ne comprend pas.

Où est-il ? Il a dit qu’il restera avec moi.

Elle est triste.

Tout à coup, elle entend le vieux Monsieur :

— Je suis là Violette, dans ton cœur. J’y resterai aussi longtemps que tu voudras de moi.

L’après-midi est bien avancé. Il fait très froid. La neige tombe, le vent souffle, les flocons tourbillonnent, heureuse la petite danse, et danse encore au milieu des flocons.

Mais Chut ! Ecoutez !

Un rire, un énorme rire résonne dans cette tourmente neigeuse :

                                  L’Espoir

Le Bon Sens a retrouvé un chemin. Il a croisé la route de Violette qui l’a emporté tout contre son cœur.

Il paraît qu’ils sont toujours amis, enfin c’est ce qui se raconte à chaque chute de neige…