Témoignage
un jour
j’ai poussé les portes de l’aube
et je me suis assis
sous une véranda
face à la mer caraïbes
avec pour unique compagne
une petite chaise de paille
que je trompe par moments
que je trompe parfois
les soirs d’averses violentes
quand les lampes
ont cessé leur dialogue
avec une dodine de paille
et les âcres étoiles
d’un rhum de canne
et là
face à la mer
nos conciliabules muets
attendent chaque fois
de remonter l’enfance
de son vagabondage
l’adolescence aussi
de ses utopies
qui tardent à s’éteindre
un jour
j’ai poussé les portes de l’aube
depuis je vois le monde
à travers ses rayons
pâles d’ombre et bleus de nuit
sans les effusions
de mes blessures
ce jour-là
face à la mer caraïbes
j’ai rêvé d’un poème
qui nulle part ne commence
ou alors de l’enfance
et nulle part ne finit
Louis-Philippe DALEMBERT
(Cantique du balbutiement – Éditions Bruno Doucey)