La mer est une guitare qui pleure
L’histoire des hommes
À même les brisants
Elle remue son chant foudroyé

Au bord de la mémoire
Et nous nous souvenons
D’où nous sommes partis
Comme des orphelins
Nous habitons désormais le sel
Une terre salée
Une salaison d’îles prophétiques
Il faut oublier la douleur du départ
Les  bateaux négriers
La porte du non retour
Recoudre la peau de la mer
Et inventer l’arrivée
Avec aux yeux un arc-en-ciel

Avec aux mains l’imaginaire des lendemains
La Caraïbe ne s’est jamais donnée
Songe pluriel
Elle appartient à ceux qui savent rêver
d’un métissage des douleurs
J’ai fait vœu d’un pays
Il ne monte pas bien haut
Il monte seulement à la hauteur de mon cœur
À la hauteur de la vie
L’horizon ouvre ses bras
Au passé qui pleure
À mon présent qui ne veut pas pleurer
C’est un pays-colère
Où les mots ont pris le pouvoir des vagues
Les ailes des mornes
Et des parures de rivière
C’est un pays-colère
Où la lumière s’écoule d’un lit étroit

Ernest PÉPIN

(J’ai fait vœu d’un pays – Biennale Internationale des Poètes en Val de Marne - Le Temps des Cerises)